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3 février 2025
5 min de lecture

Organismes de formation : Quels défis en 2025 ?

S'ils font face à des politiques publiques qui transforment durablement leur activité, les organismes de formation doivent également absorber des évolutions majeures de leur marché. Avec pour conséquences, autant de défis à relever...

Organismes de formation : Quels défis en 2025 ?

Après avoir partagé les vecteurs de transformation des organismes de formation pour 2025, il est indispensable d’identifier les défis auxquels les professionnels font face.

1er défi : Garantir son ancrage et son influence sur le territoire… 

… Quand développer les relations institutionnelles et son réseau de partenaires conduisent à rendre son influence plus forte sur le territoire…

Pour les organismes de formation, connaître son territoire est la condition essentielle pour être légitime auprès des Institutionnels et des entreprises de leur territoire. Cela nécessite une bonne connaissance des bassins d’emploi, une maîtrise des besoins en compétences et des besoins sectoriels ainsi qu’une capacité à identifier les études prospectives en lien avec son offre. Mais comment procéder pour devenir un véritable partenaire et répondre finement aux besoins des territoires ?

Tout d’abord, il s’agit de miser sur un travail de veille pour développer son offre et s’imposer comme un acteur influent auprès des acteurs institutionnels et des partenaires. Il n’est pas question d’investir massivement dans un pôle R&D mais plutôt de s’appuyer sur un véritable atout qui n’est autre que l’incontournable processus de veille. Bien que souvent vécu dans la douleur lors des audits dans le cadre de la certification Qualiopi, le critère 6[1] avec son processus de veille est un outil à ne pas négliger.

En effet, sa mécanique se structure en 5 étapes chronologiques :les étapes chronologiques à l'outil de veille

La réussite de son déploiement sera liée à son automatisation ainsi qu’à la responsabilisation des acteurs qui l’animent. Elle demeure le premier levier pour connaître les besoins de son territoire.

Ensuite, être présent et visible dans les réseaux (écosystème emploi-formation régional, tissu associatif, fédérations, partenaires de l’emploi…) est un investissement temps rentable qui se traduit par la construction de nouveaux partenariats pour enrichir son offre de formation, répondre en groupement à des appels d’offres ou encore construire de nouvelles offres…

Rendre son influence plus forte, c’est :

  • S’appuyer sur toutes les synergies partenariales qu’offrent les territoires ;
  • Faire bouger son offre et apprivoiser de nouvelles opportunités ;
  • Accompagner les besoins en compétences et l’attractivité des bassins d’emploi : être un acteur légitime par et pour les territoires…

 

2nd défi : Maîtriser les ingénieries de financement et transformer son offre…

… Quand diversifier ses sources de revenus devient un gage de durabilité et une opportunité pour transformer son offre…

Tout d’abord, la connaissance et la maîtrise des dispositifs de financement sont essentielles afin de diversifier ses sources de revenus et de ne pas rester dans une situation de dépendance financière. Pour les organismes de formation, un positionnement vers de nouveaux dispositifs de formation se présente comme une véritable opportunité pour :

  • Diversifier son offre de formation avec de nouvelles ingénieries de formation ;
  • Mobiliser de nouveaux publics en formation ;
  • S’inscrire dans un modèle économique robuste et durable ;
  • Ne pas dépendre de la fluctuation des politiques publiques ou de contrats privés ;
  • Développer son ancrage territorial et sa sphère d’influence.

Les deux principales conditions de réussite sont donc une bonne maîtrise de l’ensemble des dispositifs de financement et une adaptabilité de son appareil de production au regard des exigences administrative/logistique des financeurs.

Par ailleurs, répondre à la commande publique, à un cahier des charges entreprise ou tout simplement témoigner du respect du critère 6 du référentiel Qualiopi nécessitent désormais souvent d’aller au-delà de l’ingénierie de formation. Car rester dans l’ingénierie de formation sans envisager de « redesigner » son offre et même parfois son organisation est limitant. Penser produit et non structure d’un modèle en restant dans une projection court-termiste avec des restrictions financières peuvent inquiéter les instances de gouvernance. En restant focalisés sur le produit, nous n’évaluons pas le potentiel de « redesigner » sa propre organisation pour espérer une projection sur le plus long terme. Le baromètre annuel mené par le Synofdes et Hexopée[2] qui interroge le ressenti des dirigeants d’organismes de formation confirme l’enjeu. Cette enquête, réalisée entre le 12 juillet et le 13 septembre 2024 auprès des adhérents employeurs relevant de la CCN des organismes de formation, a mis en lumière que 75 % des dirigeants d’organismes de formation identifient que leur structure est ou va être impactée par les restrictions budgétaires subies dans la formation et l’apprentissage. Dans ces conditions comment ne pas questionner son modèle ? Et si l’on ajoute à cela les besoins d’hybridation et d’individualisation, peut-on encore douter de l’impératif de transformation ?

 

3ème défi : Développer et affirmer sa marque…

… Quand façonner une identité de marque forte génère une meilleure visibilité pour développer son offre…

Les enjeux autour de l’identité de marque sont couramment mobilisés dans l’enseignement supérieur mais culturellement beaucoup au sein des organismes de formation. Or, façonner sa marque est devenu essentiel pour un organisme de formation, a fortiori dans un environnement très concurrentiel où les offres de formation certifiantes sont régies par un même référentiel de certification qui, de plus, génère une certaine uniformité dans la réponse apportée. Les organismes de formation disposent de plusieurs leviers, nous en citerons les principaux :

  • La connaissance des spécificités des publics accueillis en formation pour y répondre de façon personnalisée ;
  • La proposition d’une expérience d’apprentissage engageante et unique qui se traduit par une forte individualisation des parcours et par des modalités pédagogiques hybrides ;
  • La proposition d’une offre de services associée au produit formation qui permet d’aller plus loin que la prestation de formation
  • Le récit de sa marque autant pour partager son identité, ses valeurs, son ADN que promouvoir tout ce qui crée la différenciation aux yeux des publics, des prescripteurs, des partenaires, des financeurs…

 

4ème défi : Agir sur la durabilité de son modèle économique…

… Quand les intentions et les actes demeurent alignés pour façonner de nouveaux modèles d’affaires…

La première condition est l’alignement stratégique de ses instances de gouvernance pour penser et agir durabilité : conseil d’administration et comité de direction doivent être alignés pour bâtir une feuille de route cohérente.

La seconde condition est de faire une photographie de son appareil de production pour établir une analyse de l’existant. En effet, réinterroger son appareil de production pour projeter le développement de la structure sera essentiel. Robustesse et alignement avec la stratégie. S’appuyer sur des outils sera nécessaire pour y parvenir, avec notamment : une cartographie des processus, une cartographie des SI, une cartographie des compétences/des partenaires, organisation RH…

La troisième condition est de faire un pas de côté. Pour se projeter autrement et pour projeter un nouveau modèle d’affaires : quel modèle(s) d’affaires pour sa structure ? Il s’agit de réfléchir au-delà de l’offre de formation et de se laisser l’opportunité de raisonner en offre de services en adoptant une nouvelle approche. Réfléchir de sorte à résoudre un problème client plutôt qu’en prestation de formation clé en main, sur-étagère que l’on connaît déjà très bien, trop bien…

Ici, les défis n° 1 (être plus influent au sein des territoires et des secteurs d’emploi) et n°2 (transformer son offre) se rejoignent avec l’opportunité de nous inscrire plus finement au cœur des territoires en répondant aux problématiques sectorielles des bassins d’emploi et des entreprises, à l’aide d’une offre de services dédiée. Avec une nouvelle question qui apparaît :

En quoi la sectorisation de son offre pourrait devenir une alternative pour offrir une palette de services ciblés auprès des entreprises du territoire ? La question est ouverte et les réponses nombreuses…

5ème défi : Manager la qualité, autonomiser les équipes et industrialiser la production…

… Quand se transformer soi-même pour accompagner les transformations devient une opportunité…

Pour toute transformation vécue à travers son environnement, nous identifions une autre condition : sa propre transformation en tant qu’organisme de formation pour être en mesure d’accompagner les acteurs que sont les territoires, les entreprises et les individus. En ce sens, dans leur propre microcosme, les organismes de formation sont confrontés à de profonds bouleversements qui nécessitent un diagnostic systémique de leur fonctionnement ainsi qu’une montée en compétences des acteurs. 

Comment se transformer soi-même pour accompagner les transformations ?

    • Etablir un diagnostic à 360 degrés de son organisation : une analyse de ses instances de gouvernance, de sa feuille de route, de son appareil de production mais également des compétences présentes au sein de la structure seront une première approche ;
    • Modéliser un plan de développement des compétences pour accompagner le développement des compétences dans sa structure. Il s’agit aussi de s’appuyer sur les OPCO qui peuvent accompagner dans la modélisation du plan de développement des compétences et des dispositifs de financement associés ;
    • Rester toujours en veille sur les opportunités offertes par et pour les territoires : les régions, acteurs privilégiés des organismes de formation, peuvent être à l’initiative de la création de programme ou de parcours d’accompagnement.

L’exemple que nous connaissons le mieux est le dispositif Trans’Formation[3] et notamment son Parcours d’Accompagnement Stratégique qui permet d’accompagner plus de 100 organismes de formation en Région Centre Val de Loire avec une phase diagnostic et suivi d’un accompagnement stratégique des directions et des équipes.

6ème défi : Industrialiser la réponse aux appels d’offres/appels à projets et se différencier…

… Quand l’industrialisation doit laisser place à l’innovation dans la réponse pour se réinventer et développer de nouvelles parts de marché…

La rédaction d’une réponse à un appel d’offres doit être un temps opportun d’introspection pour les organismes de formation, un temps nécessaire pour modéliser ce qui peut être industrialisé tant dans la réponse en tant que telle que dans la mécanique de gestion de projet qu’il est nécessaire de mettre en œuvre dans l’ensemble de la structure. Il ne faut pas s’interdire d’oser et d’ambitionner des réponses nouvelles et plus audacieuses pour répondre aux besoins en compétences des territoires, des secteurs d’emploi. Évidemment, cela n’empêche pas de respecter le cadre caractéristiques/avantages/preuves que nous connaissons bien et qui est essentiel à suivre. Le cadre n’empêche pas l’innovation.

S’engager dans des projets d’envergure, porteurs d’opportunités pour se développer, changer d’échelle et se transformer est une phase incontournable pour réfléchir à plus long terme et plus durablement pour sa structure.

A suivre…

Bibliographie :

[1] Guide lecture Référentiel Qualiopi
[2] Baromètre du Synofdes – 2024
[3] Site GIP ALFA Centre Val de Loire

Fanny Lacau

Fanny Lacau

Consultante sénior

paradoxes conseil est un cabinet spécialisé né en 2006

Paradoxes est un cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement des acteurs de l’emploi, de la formation et du développement de compétences.