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20 janvier 2025
5 min de lecture

Organismes de formation : quels vecteurs de transformation pour 2025 ?

En France, les dernières réformes de la formation professionnelle impulsent des logiques de régulation par les pouvoirs publics toujours plus conséquentes sur un marché de la formation professionnelle où les acteurs sont confrontés à de véritables bouleversements.

Organismes de formation : quels vecteurs de transformation pour 2025 ?

En ce sens, nous pouvons identifier que les politiques publiques de formation évoluent très rapidement au rythme des vecteurs de transformation que sont la territorialisation, l’individualisation et l’hybridation.[1] Les plans régionaux de formation en sont l’ambition à l’échelle des territoires. Ils diligentent ainsi la commande publique auprès des opérateurs que sont les organismes de formation qui souhaitent se positionner sur les marchés publics pour délivrer des actions de formation. Voici un décryptage de ces principaux vecteurs de transformation.

Les vecteurs de transformation pour 2025

La territorialisation

Le premier vecteur de transformation qui occupe une place importante pour les organismes de formation est la territorialisation. Nous allons l’illustrer avec deux exemples probants.

D’une part, nous pouvons illustrer la territorialisation avec le déploiement de la stratégie emplois & compétences[2]. Dans le cadre de la stratégie emplois & compétences pour la planification écologique issue de la loi industrie verte du 23 octobre 2023, le rôle des acteurs institutionnels, politiques et économiques est déterminant pour anticiper les besoins en emplois/compétences afin de réussir la planification écologique.​ En ce sens, l’appareil formation de chaque région joue un rôle déterminant afin :

  • D’accompagner la transformation de 8 millions d’emplois concernés directement par les leviers de la planification écologique ;​
  • D’accompagner la création ~150k ETP nets d’ici 2030 ;​
  • De territorialiser la stratégie emplois et compétences.​

D’autre part, la territorialisation s’illustre également avec le programme « Territoires d’industrie »[3]. Lancé en 2018, le programme « Territoires d’industrie » s’inscrit dans une stratégie de reconquête industrielle et de développement des territoires. Sur la phase II 2023-2027, ce sont 183 Territoires d’industrie qui s’engagent en faveur de la réindustrialisation du pays à travers la mise en œuvre de plans d’action portés par les pouvoirs publics et les industriels afin d’accélérer les projets industriels locaux.Connaissant bien les attendus et les exigences sectorielles de son territoire, le rôle de l’appareil formation est essentiel sur plusieurs niveaux :

  • Lever les freins au recrutement en jouant un rôle dans l’attractivité des métiers en mettant en exergue une industrie 4.0 plus verte et plus responsable avec une offre dédiée
  • Développer les compétences dans les territoires industriels pour accélérer les implantations industrielles et les créations d’emplois en mettant en œuvre des ingénieries de formation sur-mesure…

Ainsi, dans l’opérationnalité des actions menées, les organismes de formation sont moteurs auprès des territoires dans le développement des compétences, dans la compétitivité des entreprises et contribuent ainsi à l’attractivité des territoires.

reunion de travail

L’individualisation

Le second vecteur de transformation influent pour tout organisme de formation en 2025 est l’individualisation. Depuis la loi du 5 septembre 2018[4] pour la liberté de choisir son avenir professionnel, la nouvelle définition de l’action de formation amène à une individualisation des parcours de formation plus sécurisante avec la possibilité d’adapter les modalités pédagogiques, les méthodes et les rythmes d’apprentissage aux besoins spécifiques de chaque apprenant. De même, l’indicateur 4 du critère 2 du référentiel Qualiopi[5] exige la formalisation d’une analyse des besoins avant l’entrée en formation pour tout apprenant. Cela permet à l’organisme de formation d’anticiper le cas échéant des aménagements spécifiques. Cette condition est nécessaire pour bénéficier de fonds mutualisés. Concrètement, l’individualisation permet de :

  • Développer les connaissances et les compétences des publics avec des parcours d’apprentissages hybrides, plus engageants et accessibles ;
  • Favoriser l’insertion professionnelle à l’issue d’une formation certifiante/qualifiante en accompagnant dans la contextualisation du projet professionnel ;
  • Accompagner les parcours et les transitions professionnelles des publics en reconversion professionnelle ;

Au-delà des exigences de la certification Qualiopi, nous pouvons illustrer les besoins d’individualisation des parcours à l’échelle des commanditaires.
En effet, les entreprises évoquent leurs exigences dans le cahier des charges pour bâtir une prestation de formation/d’accompagnement sur-mesure afin de répondre à ses exigences métiers et aux besoins de développement des compétences des salariés. Quant aux régions, elles expriment leurs exigences d’individualisation à travers leur plan régional de formation à destination des demandeurs d’emploi. Un levier essentiel pour la sécurisation des parcours des publics les plus fragiles. On peut ainsi clairement affirmer que toutes les parties prenantes sont acculturés à la nécessité d’individualiser les parcours de formation. En ce sens, les organismes de formation ont la responsabilité d’adapter leur appareil de production à la nécessaire individualisation des parcours…

L’hybridation

Le troisième et dernier vecteur de transformation influent pour les organismes de formation est l’hybridation ou la formation multimodale. Directement rattaché à l’individualisation, l’hybridation s’impose comme un moyen efficace pour soutenir une individualisation plus forte dans les parcours de formation. L’hybridation, appelée aussi formation multimodale, associe plusieurs modalités d’apprentissage au profit des apprenants. En s’appuyant notamment sur des outils et ressources numériques, elle combine séquences d’apprentissage présentiel et à distance, transmissif et collaboratif, dirigé et autodirigé, formel et informel, synchrone et/ou asynchrone. L’hybridation est l’organisation de ce type de formation.[6] Au même titre que pour l’individualisation, les besoins d’hybridation sont évoqués dans les politiques d’achats formation dans les entreprises et dans la commande publique. Bien que les organismes de formation se soient engagés dans l’hybridation de la formation depuis la crise sanitaire, la dynamique d’appropriation et d’engagement reste très hétérogène parmi eux. En effet, c’est ce que révèle le baromètre AINOA sur la transformation digitale de la formation[7].

81% des organismes de formation sont entrés dans une démarche de digitalisation. Mais les disparités restent importantes selon les structures.

Le baromètre nous enseigne 3 principaux virages qui restent encore à prendre pour parvenir pleinement à cette transformation :

  • Mieux exploiter le potentiel des technologies pour individualiser les parcours de formation ;
  • Systématiser une démarche de conduite du changement ;
  • Lever les blocages des ressources humaines.

A suivre….

Bibliographie : 

[1] Thierry Berthet, « Traité des sciences et des techniques de la Formation » 5ème édition, Chapitre 5 : Politiques publiques de formation : Un regard de science politique.
[2] « Stratégie emplois et compétences pour la planification écologique » – Juillet 2024
[3] Territoires d’industrie – Phase II : un nouveau temps pour l’industrie française
[4] LOI n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel
[5] Guide lecture Référentiel Qualiopi
[6] Abécédaire de l’hybridation de la formation AINOA 2024
[7] Baromètre AINOA sur la transformation digitale de la formation – Janvier 2024

Fanny Lacau

Fanny Lacau

Consultante sénior

paradoxes conseil est un cabinet spécialisé né en 2006

Paradoxes est un cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement des acteurs de l’emploi, de la formation et du développement de compétences.